Nouveaux Droits de l’Homme Cameroun

12 avril 2011-NDH dans la campagne mondiale sur les dépenses militaires

Le 12 avril 2011 à NDH-Cameroun « Dépenses militaires et besoins humains au Cameroun »

Contexte et justification
Le Cameroun a eu le privilège de présider la dernière conférence des Nations Unies sur le désarmement tenue à New-York en septembre 2010. Cette position privilégié doublée à la prise de position fort remarquable du ministre Camerounais des Relations extérieures à ce sommet nous commande naturellement de questionner la posture réelle du Cameroun dans la problématique adéquation entre les dépenses militaires et les besoins humains des camerounais.
En effet, tous les observateurs ont salué ce qu’on a qualifié de « solution camerounaise à la course à l’armement » qui consiste simplement à « Réallouer les dépenses militaires vers la lutte contre la faim ». Le représentant du Chef de l’Etat Camerounais aux travaux de New-York a ainsi estimé que « Le problème du désarmement est très largement entre les mains des grandes puissances ». L’approche internationaliste du gouvernement camerounais aurait pu subodorer de sa rationalité dans l’allocation de ses propres ressources, dès lors qu’il est aujourd’hui admis qu’il existe un lien entre l’armement et le développement comme l’a si bien démontré le Sommet sur les Objectifs du Millénaire pour le Développement.
Tenez! comment ne pas croire à la bonne foi du Ministre Camerounais, M. Eyebe Ayissi, lorsqu’il déclare : Si l’on rapproche le montant des contributions nécessaires pour réduire la pauvreté dans le monde, dans cinq ans, de celui que les États ont consacré aux dépenses militaires – 1 535 milliards de dollars pour 2009– une faible partie pourrait faire disparaître ces autres armes de destruction massive que sont la faim, la maladie, l’analphabétisme et la misère.
Pourtant la réalité sur le terrain au Cameroun est plutôt inquiétante. Sur les 20 dernières années les dépenses militaires ont connu une croissance de plus 15%. Pourtant le Cameroun n’était pas en guerre si l’on considère que le conflit frontalier dans la péninsule de Bakassi se jouait davantage sur le terrain juridique à la Haye.
Au Cameroun, les dépenses militaires conventionnelles représentent l’un des taux les plus élevé en terme de ratio par rapport au PIB, soit une moyenne de 1,5% du PIB. Ce taux est d’ailleurs loin de la réalité car il existe plusieurs institutions militaires ou paramilitaires comme le BIR (Bataillon d’Intervention Rapide) et autres service spéciaux de sécurité dont le budget n’est pas rendu public et qui dans la plupart de cas sont plus budgétivores que les forces armées classiques.
Il convient de préciser que la notion de dépenses militaires utilisée ici comprend, selon l’Organisation de l’Atlantique Nord (OTAN), les dépenses courantes et en capital des forces armées, incluant celles des forces de la paix; du ministère de la Défense et autres agences gouvernementales engagées dans des projets de défense; celles des forces paramilitaires, si elles sont entraînées et équipées pour des opérations militaires; ainsi que pour les activités militaires dans l’espace. D’autres éléments entrent également dans cette définition qui, faute de données précises, peut cependant varier d’un pays à l’autre.
Dans le même ordre d’idées, il convient de noter que les dépenses militaires sont restées croissantes ces 20 dernières années et se situaient en 2010 à environ 15% de l’ensemble des dépenses gouvernementales au Cameroun.
Lorsque l’on sait que le salaire des forces de maintien de l’ordre n’a connu aucune baisse depuis 1993 contrastant ainsi avec les successives baisses de salaires que le gouvernement a effectué sur les salaires des autres fonctionnaires camerounais, l’on comprend très vite que la priorité gouvernementale est plus sur le renforcement des forces de défense et de sécurité. Pourtant, les secteurs prioritaires tels que la santé, l’éducation, l’agriculture et les infrastructures continuent de rester à la traine par rapport à la croissance de la population.
Les « émeutes de février 2008 » appelées à tord ou à raison « émeutes de faim », consécutives à la flambée des prix des produits de première nécessité, ont pourtant clairement établit que les Camerounais ont du mal à subvenir à leurs besoins primaires. Par contre, l’armée continue de bénéficier des meilleures faveurs du gouvernement dans sa mission de «maitrise» et de «repression » des revendications légitimes des populations. Il faut dire à titre de rappel que pour ces émeutes de février 2008 le rapport des ONG et particulièrement de la FIDH ( Fédération Internationale des Ligues des Droits de l’Homme) dénombrait plus de 100 victimes tués par balles par les forces de maintien de l’ordre.
Au regard de ce qui précède, il nous semble urgent d’ouvrir le débat sur cette question cruciale de paradoxe entre les sur dépenses militaires et la sous-dépense des besoins humains fondamentaux.. L’occasion offerte par le « Global Day of Action on Military spending » du 12 avril initié par l’International Peace Bureau donne le cadre par excellence pour lancer cette campagne.
Objectif global
Susciter une prise de conscience des parlementaires, du gouvernement et des décideurs camerounais sur l’importance de reconsidérer l’approche consistant à privilégier les dépenses militaires aux besoins humains.
Objectifs spécifiques
Discuter sur les dépenses militaires au Cameroun
Amener les journalistes à s’intéresser au sujet
Sensibiliser les parlementaires sur la nécessité de reconsidérer les dépenses militaires
Activités menées
1. sensibilisation des parlementaires camerounais sur l’enjeu de reconsidérer les dépenses militaires.
Un document de plaidoyer inspiré de nos recherches et des informations fournies par le site web de la campagne a été élaboré. Ce document de plaidoyer a été ensuite envoyé, accompagné d’une lettre aux députés et aux états major des partis politiques représentés à l’Assemblée Nationale du Cameroun, lors de la session extraordinaire d’Avril 2011.
Il était surtout question dans ces correspondances de susciter l’interrogation des parlementaires sur les dépenses militaires au Cameroun en vue de les préparer à plus d’attention lors de la Session Budgétaire de Novembre.
2. Organisation d’un atelier de discussion sur les dépenses militaires au Cameroun
Nous avions initialement prévu une table ronde de haute facture avec des experts, des consultants et des spécialistes en géostratégie, et des questions de défense etc. Mais la modicité des moyens et le temps relativement court de préparation ne nous a pas permis de faire la table ronde proprement dite.
Nous avons néanmoins organisé un atelier de discussion de 3 heures avec les responsables d’organisations de promotion de droits de l’homme, les jeunes volontaires intéressés par les questions de droits de l’homme sous la coordination technique d’un expert des droits de l’homme en la Personne du Dr Hilaire KAMGA, expert VNU des Nations Unies.
Les discussions et échanges se sont greffés autour de 03 exposés :
* Comprendre la campagne mondiale sur les dépenses militaires, présenté par monsieur TCHINDA Giscard chargé de la Protection au NDH-Cameroun,
* Etats des lieux des dépenses militaires au Cameroun, présenté par mademoiselle, THOKOUAFFI Collette, Groupe d’Action pour la Promotion des personnes handicapées,
* Dépenses des forces de sécurité et de défense et besoins humains au Cameroun, présenté par Cyrille Rolande BECHON, Directrice de NDH-Cameroun.
Résultats probants de la Campagne.
Nouveaux Droits de l’Homme peut se féliciter d’avoir permis dans le cadre de cette campagne la mise en place d’un Comité Parlementaire de réflexion sur les dépenses militaires. Ce Comité s’est donné pour mission de maintenir le plaidoyer parlementaire sur cette problématique à travers des rencontres individuelles et des cafés parlementaires lors des sessions à venir.

Bien2035

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