JOURNEE INTERNATIONALE DE L’ENFANT AFRICAIN 2018 «LE DROIT A LA PARTICIPATION DES ENFANTS : QUE LES ENFANTS SOIENT VUS ET ENTENDUS »

DÉCLARATION N°005/NDH/2018

Le Cameroun et l’Afrique tout entier commémorent le 16 juin 2018, la Journée internationale de l’Enfant Africain sous le thème «le droit à la participation des enfants : que les enfants soient vus et entendus ». Cette journée, instituée en 1991 a pour but de célébrer les enfants en Afrique, réfléchir sur les défis auxquels ces enfants sont confrontés et mettre en œuvre  des actions susceptibles de résoudre ces défis. NDH-Cameroun, fidèle à sa mission de protection des Droits de l’Homme, saisit une fois de plus cette occasion pour exprimer ses préoccupations concernant la situation des droits de l’enfant au Cameroun. Si dans l’ensemble, l’on ne peut ignorer les efforts  fournis par le gouvernement  sur le plan législatif et institutionnel pour améliorer les conditions d’épanouissement des enfants, force est de constater que la réalité sur le terrain est très souvent en déphasage avec les réformes menées.

En effet, l’Etat du Cameroun a mis en place une ribambelle d’instruments juridiques de protection des droits de l’enfant au niveau national. Il a également signé de nombreuses conventions internationales allant dans la dynamique de ce processus. Au niveau international, le Cameroun a ratifié la quasi-totalité de ces instruments juridiques consacrés à la protection de l’enfant notamment, sans être exhaustif   la Convention des Nations Unies relative aux Droits de l’Enfant et ses protocoles facultatifs, la Charte Africaine des Droits et du Bien-être de l’Enfant, la Convention n° 138 sur l’âge minimum d’admission à l’emploi; la Convention n° 182 sur les pires formes du travail des enfants. Au niveau national, il existe un cadre juridique et institutionnel de protection des droits de l’enfant. Sur le plan juridique, on a entre autres  la Constitution, le code pénal, le code du travail, le code civil, des lois spéciales,  le code de procédure pénal. Au plan institutionnel, plusieurs départements ministériels interviennent à l’instar du ministère l’éducation de base, de l’enseignement secondaire, le Ministère des affaires sociales, le Ministère de la Promotion de la Femme et la famille. Mais malgré tout  ces efforts déployés par le gouvernement du Cameroun, la situation des droits de l’enfant au Cameroun n’est  guère reluisante.

  • Sur le plan éducatif : les droits de l’enfant ont connu un net recul. En effet, d’après le rapport Cameroun 2017/2018 publié par Amnesty international, « Plusieurs dizaines d’écoles ont été fermées dans les régions anglophones entre novembre 2016 et septembre 2017, à la suite d’appels à la grève et au boycott lancés par des syndicats et des membres de la société civile. Des membres extrémistes de groupes anglophones favorables à la sécession ont mené des attaques contre des établissements scolaires qui « brisaient le boycott ». Entre janvier et septembre 2017, plus de 30 écoles ont été incendiées et gravement endommagées. Dans la région de l’Extrême-Nord, 139 écoles des départements du Logone-et-Chari, du Mayo-Sava et du Mayo-Tsanaga sont restées fermées en raison de l’insécurité, et au moins huit ont été occupées par les forces de sécurité, ce qui a privé de scolarité près de 40 000 élèves ».
  • Au plan sécuritaire: plusieurs enfants continuent de subir les répercutions brutales des exactions de Boko Haram dans le grand Nord et les troubles dans les deux régions anglophones. Ces conflits entrainent non seulement l’enrôlement des enfants dans les régions susvisées  mais également leur exploitation à des fins sexuelles.
  • Le phénomène des mariages forcés: Au Cameroun, les parents détenteurs de l’autorité parentale peuvent forcer la main à leur fille. Ils peuvent la pousser à consentir à l’union avec un homme beaucoup plus âgé. Ainsi, il arrive encore que des jeunes filles, notamment dans les régions du Nord, soient indirectement contraintes d’épouser des hommes plus vieux. Cette pratique  s’avère lourde de conséquences tant au niveau émotionnel que psychosocial. Ainsi, les jeunes filles se voient obligées d’avoir des relations non-consenties avec leur mari.
  • Sur le plan sanitaire: Au Cameroun, le taux de mortalité infantile  reste particulièrement élevé et les statistiques du Ministère de la santé  démontrent que 11% des nouveau-nés présentent une insuffisance pondérale modérée et/ou grave. La couverture vaccinale reste également limitée. D’ailleurs, la rupture récente du vaccin BCG dans les hôpitaux justifie cet état de chose. Les établissements sanitaires camerounais ne disposent malheureusement pas d’une structure adéquate et se font manque d’un  déficit de personnel  pour prendre en charge les jeunes malades.
  • Les violences et pratiques traditionnelles néfastes: Bien que les mutilations génitales féminines aient considérablement diminuées, elles restent encore pratiquées sur le territoire camerounais (régions du Sud-Ouest et de l’extrême Nord).Il faut savoir que les mutilations génitales ont des conséquences graves sur la santé provoquant fréquemment des hémorragies et des infections. En outre, des risques de complications sont courants chez les femmes excisées. Par ailleurs,  le « repassage des seins » (« massage » réalisé avec des objets chauffés afin d’éviter le développement de la poitrine des jeunes filles) est une coutume qui semble également perdurer dans le pays. Ce dernier doit donc prendre les mesures qui s’imposent pour éliminer ces pratiques traditionnelles préjudiciables.

Au regard de cette situation désastreuse  des droits de l’enfant au Cameroun, NDH-Cameroun pense qu’il est urgent de renforcer les mesures de protection de ces droits afin de permettre à l’enfant camerounais en particulier de s’épanouir pleinement.

En perspective, NDH-Cameroun recommande au gouvernement :

  • La poursuite de l’amélioration déjà engagée du cadre juridique national  par  l’internalisation des dispositions des instruments juridiques internationaux ratifiés.
  • D’instituer une protection prioritaire des enfants en générale en période de crise et de conflit et de manière spécifique les enfants déplacés internes.
  • Le renforcement du cadre institutionnel par la mise en œuvre effective des textes y relatifs ;
  • Le renforcement des capacités des services et des  intervenants sociaux ;
  • Le renforcement du partenariat avec la société civile et de la coopération bi et multi latérale en matière de protection et  de promotion des droits de l’enfant.

                                                                                                        Fait à Yaoundé le 16 juin 2018

                                                                                                      

Bien2035

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