Il faut que les autorités camerounaises abandonnent toutes les charges retenues contre les trois étudiants condamnés à 10 ans d’emprisonnement pour avoir envoyé une plaisanterie sur Boko Haram par texto et qu’elles les libèrent, ont déclaré Amnesty International, le Réseau des défenseurs des droits humains en Afrique centrale (REDHAC) et Nouveaux droits de l’homme (NDH) Cameroun jeudi 21 septembre 2017.
Il est prévu que les audiences d’appel concernant Fomusoh Ivo Feh, Afuh Nivelle Nfor et Azah Levis Gob, tous âgés de moins de 30 ans, débutent ce même jour à Yaoundé, après plusieurs reports. Ces trois étudiants ont été déclarés coupables de « non-dénonciation d’actes terroristes » par un tribunal militaire le 2 novembre 2016.
« Plutôt que de languir en prison pour le simple fait d’avoir exercé leur droit à la liberté d’expression, ces trois étudiants devraient être en train de jouer un rôle important dans la société camerounaise, a déclaré Ilaria Allegrozzi, spécialiste de la région du lac Tchad à Amnesty International.
« Le procès en appel qui s’ouvre ce jeudi 21 septembre est l’occasion pour les autorités de montrer au monde leur engagement à réparer cette injustice en libérant ces jeunes gens immédiatement et sans condition. »
En décembre 2014, Fomusoh Ivo Feh a reçu d’un ami le texto suivant : « Boko Haram recrute des jeunes à partir de 14 ans. Conditions de recrutement : 4 matières au GCE, y compris la religion. »
Ce message était en réalité une observation sur la difficulté à trouver un emploi correct sans être hautement qualifié et jouait sur l’idée que même le groupe armé Boko Haram ne recrutait que des personnes ayant obtenu de bons résultats à leur examens.
Fomusoh Ivo Feh a transféré le message à Afuh Nivelle Nfor, qui l’a envoyé à son tour à Azah Levis Gob. Après avoir confisqué le téléphone, l’un de leurs enseignants a lu le texto et l’a montré à la police.
Fomusoh Ivo Feh et ses amis ont tous été arrêtés. Ils ont été emmenés à la prison de Yaoundé le 14 janvier 2015 et détenus, les chevilles entravées.
« Ces trois étudiants n’auraient jamais dû être arrêtés car ils n’ont fait qu’exercer leur droit à la liberté d’expression », a déclaré Maximilienne Ngo Mbe, directrice exécutive du REDHAC.
Ils ont été inculpés le 3 mars 2015, en vertu du Code pénal et du Code militaire camerounais.
« Un texto sarcastique ne peut en aucun cas constituer un motif d’emprisonnement. Ces étudiants n’ont rien à faire derrière les barreaux et doivent être autorisés sans délai à reprendre le cours de leur vie », a déclaré Cyrille Rolande Bechon, directrice exécutive de NDH Cameroun.
Amnesty International, le REDHAC et NDH Cameroun appellent les autorités camerounaises à libérer aussi les autres personnes détenues pour des charges fallacieuses liées à la sécurité nationale, comme Ahmed Abba, journaliste à Radio France Internationale en langue haoussa, qui est incarcéré uniquement pour avoir exercé son droit à la liberté d’expression. Aboubakar Siddiki, dirigeant du parti politique Mouvement patriotique du salut camerounais, et Abdoulaye Harissou, un notaire réputé, sont maintenus en détention depuis plus de trois ans.